"La note bleue !", article pour le magazine du Théâtre du Châtelet en écho au festival "Le Châtelet fait son jazz"- Annie Mollard-Desfour nous raconte l'origine du bleu et de son lien avec la musique
- Annie Mollard-desfour
- 26 juin
- 2 min de lecture
"Au fil des textes, des « mots bleus »
, le bleu contemporain, dans un mouvement de balancier, entre bleu clair et bleu foncé, déploie ses jeux d’associations symboliques… et se révèle tout à tour, douceur de vivre, joie, bonheur, sérénité, espoir, optimisme (parfois illusoire), recoupant la symbolique du rose : c’est le bleu paradis de l’enfance chanté par Trénet, dans L’École buissonnière (1933) : « Bleue, bleue, notre enfance / Fut un paradis / On s’en aperçoit bien trop tard aujourd’hui / On vivait sans souci, sans la moindre méfiance […] » ; le bleu est le domaine de l’immatériel, de l’imaginaire, de l’absolu, et de l’idéal. C’est le « pays bleu », pays merveilleux, pays des songes, le « bleu rêve » ou « bleu rêveur ». l’« oiseau bleu », idéal inaccessible, « la (petite) fleur bleue », le « bleu poème »… Mais « ne croyez pas que tout ce bleu soit sans douleur »… !, écrit Jean-Michel Maulpoix, dans Une histoire de bleu...". « Bleu » est, en effet, la couleur des bleus au corps et au cœur, de la tristesse, du cafard, de la mélancolie, du spleen… Ce sont les « bleus à l’âme », et la couleur profonde du blues, cette forme musicale d’origine populaire noire-américaine, directement à l’origine de la musique de jazz, traduisant un état d’âme mélancolique, couleur de douleur et de révolte des esclaves noirs enchaînés dans les plantations de coton, tout comme l’étaient les esclaves noirs dans les indigoteries des Antilles… « Musique bleue », blues, blue note ou « note bleue », cette note particulière caractéristique du blues. Ce blues qui, dans le contexte musical, a donné naissance aux dérivés bluesman/blues-man, blueswoman, bluesy… et qui a aussi donné son nom (vers 1970), au au cafard, à la mélancolie et à un dérivé : blueser, synonyme de l’ancien « avoir les bleus, souffrir les diables bleus, voir des papillons noirs » : être triste, mélancolique. Bleu douleur aux tonalités sourdes du blues (abréviation de l’américain blue devils, « démons bleus », « idées noires », « cafard », ou de to be blue, « broyer du noir »), Le blues, ou « musique bleue », est souvent utilisé pour évoquer des styles musicaux qui utilisent des éléments mélodiques, historiques, sociologiques, thématiques et émotionnels et dont la date de naissance officielle correspond à l’enregistrement par Mamie Smith, à New York, pour Okeh, le 14 février 1920, d’un disque intitulé Crazy Blues, généralement « considéré comme le premier disque de blues, le premier enregistrement avec le mot « blues » dans le titre interprété par un artiste noir..
.La blue note, cette note altérée, vacillante pour obtenir un son proche des pleurs, est un élément essentiel du blues, du jazz, du rock et de la soul où, comme un cri, elle ajoute une intensité et une dimension émotionnelle aux mélodies…
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